Histoire de la scierie de Willerzie contée par Sylva SIMON, son fondateur.

« Il faut savoir que Constant SIMON, mon grand-père, était menuisier-charpentier bien avant la guerre de 1914. C'est ainsi qu'il établissait les plans d'un bâtiment et prenait en charge tous les corps de métier se réservant tout ce qui concernait le bois. La charpente était fabriquée à la hache et toute la menuiserie manuellement. En août 1914, les Allemands ont incendié complètement le village de Willerzie. Les habitants ont été hébergés dans les villages voisins : Rienne et Bourseigne. Il y avait donc urgence de remettre un toit sur les murs qui pouvaient encore rester debout.

La guerre terminée, les dossiers de demande de dommage de guerre rentrés, le travail ne manquait pas. C'est pourquoi, en 1920, mon grand-père acheta quatre machines : une scie à ruban, une raboteuse, une toupie et une mortaiseuse. L'électricité n'existant pas dans les villages, ces machines étaient assorties d'arbres, de poulies, de courroies de transmission.

Par la suite, mon père, Paul SIMON, se mit également à refendre des rondins de résineux à l'aide de la petite scie à ruban. En 1946, alors âgé de 18 ans, j'ai proposé à mon père de monter une petite scie à grumes et malgré quelques ennuis, j'ai pris goût au métier tout en assurant le métier d'ouvrier frontalier. Le 5 août 1966, constatant que le travail suivait et après mûre réflexion, j'ai décidé de m'établir à mon compte. En 1967, la décision a été prise de construire un bâtiment et d'acquérir un véritable chariot de scie à grumes.

Au début de l'installation de la scie sur le site actuel, la machine n'était pas pourvue d'un système d'aspiration des sciures. La vidange de la cave à sciures se faisait à la main et les sciures étaient évacuées à la brouette. Les planches étaient avivées sur une vieille raboteuse modifiée qui faisait office de déligneuse. Les planches brutes reposaient sur deux patins à roulettes qui, placés l'un devant, l'autre derrière la lame de la scie coulissaient dans un fer en forme de U. Après 1969, on peut affirmer, comme on dit parfois, que la scierie de Willerzie avait fait sa maladie. Le vieux matériel a été remplacé par du neuf et, petit à petit, une mécanisation a été mise en place et des engins de manutention des bois ont été acquis.

Vers 1975, en réponse à une demande de la clientèle, je me suis mis à vendre quelques articles liés au bois : clous, produit de protection du bois, tôles, … . En 1981, nous avons traversé la grande route pour construire un magasin de matériaux qui sera agrandi en 1991. A présent, la scierie de Willerzie occupe 12 personnes à temps plein et quelques sous-traitants : pour l'affûtage, l'abattage, le débardage et le transport des bois. Malgré tout, elle reste une petite scierie qui débite 14000 m³ de grumes par an. Il est également possible de raboter, profiler, traiter les bois par bain ou sous pression. A cela s'ajoute un petit commerce de matériaux et de bricolage. Tout ceci peut paraître dérisoire à côté des énormes unités de sciage que nous connaissons. Mais de nos jours, cela n'est pas si mal !

En 1993, l'âge de la retraite a sonné. Deux fils, Etienne et Christophe, continuent sur la même voie. De nouveaux investissements importants ont été réalisés : de nouveaux bâtiments, l'installation de deux raboteuses 4 faces, une station de traitement en autoclave, une écorceuse.»